Les grands principes
Pas de Labour
Quand on parle de
travail du sol, immédiatement l'image du travail
mécanique ou manuel du sol vient à l'esprit.
Cependant, le travail du sol c'est aussi le travail
des racines des plantes, le travail des micro
organismes qui décomposent la matière organique, le
travail des vers de terre qui sur une parcelle d'un
hectare représentent en masse le poids de deux
boeufs qui retournent la terre et participent à sa
structuration en permanence.
Les labours profonds,
en retournant l'horizon superficiel, perturbent
l'activité des micro organismes anaérobies (ceux
résidant en profondeur et ne consommant pas
d'oxygène) et aérobies (ceux de la superficie qui
doivent disposer d'oxygène pour vivre). De plus ces
labours provoquent une minéralisation rapide de
l'humus stocké en profondeur.
Bien sûr, on
s'imagine mal un semis 'nu' à même le sol.
L'absence de labour s'accompagne de deux mesures :
Une
nécessité de conserver une couverture
permanente du sol, qu'il s'agisse
d'engrais ver ou de mulch (matériau
végétal mort constituant un 'tapis'
protecteur)
Le semis
de graines 'protégées' : les graines
sont enrobées dans de la poudre d'argile
avant 'semis direct', ce qui les protège
de l'extérieur. Cet enrobage peut même
se faire de façon calibrée, ce qui
permettra d'utiliser un semoir classique
Pas d'engrais
La terre n'est pas un
support minéral, inerte. Elle abrite des centaines
de millions de micro organismes qui ne sont pas là
sans raison. Ceux cis peuvent travailler de manière
optimale et enrichir la terre s'il ne sont pas
perturbés par des apport extérieurs. Les engrais
possèdent de nombreux effets pervers, et ne
respectent pas la physiologie et la vitesse de
croissance des végétaux. Si on augmente leur
vitesse de croissance, ils se trouvent fragilisés et
donc plus sensibles aux maladies et insectes, d'où
la nécessité de recourir à une protection
extérieure artificielle. En effet, si l'on
tient compte de la notion de 'terrain' qui prévaut
en médecine comme en agriculture, seuls les
végétaux affaiblis et déséquilibrés offrent un
terrain favorable au développement des maladies et
aux attaques de ravageurs.
Par ailleurs, les
engrais ne se contentent souvent que d'apporter des
composants majeurs (NPK) en négligeant les
éléments secondaires (oligo éléments) qui sont
pourtant nécessaires à la plante. Pour cultiver
sans engrais, il faut toutefois pratiquer le retour
à la terre des parties de la plante inutilisées
après la récolte. En effet la plante s'insère dans
un cycle et si celui ci est rompu par une exportation
intégrale de la plante, le terre finira par se
fatiguer et des carences appaîtront. Il est certain
qu'une phase de 'reconversion' est nécessaire et que
ce type d'agriculture ne peut pas s'envisager
derrière plusieurs décénnies de travail classique
de la terre.
Pas de pesticides
Les pesticides
chimiques posent de nombreux problèmes, mis en
lumière depuis de nombreuses années :
bioaccumulation et concentration des résidus le long
de la chaine alimentaire, induction d'une
sélection d'insectes résistants aux
traitements nécessitant des épandages toujours plus
fréquents, pollution de l'eau et de l'air...
En réalité les
déséquilibres induits par les grandes monocultures
intensives sont une aubaine pour les ravageurs qui
trouvent là les conditions optimales pour leur
reproduction et leur alimentation. Dans les système
agricoles moins intensifs de polyculture, respecteux
des ecosystèmes, un certain équilibre s'établit,
et la population de ravageurs est auto régulée car
ces ravageurs ne sont que le maillon de la chaine
alimentaire, qui est respectée dans ce type de
système. Les haies, mares et autres refuge
permettent aux auxiliaires (les 'prédateurs' des
ravageurs) de jouer leur rôle. Une rotation
judicieuse des cultures et une association
intelligente des cultures dans le temps permet bien
souvent à la population de ravageurs de rester sous
le seuil de nuisance réél tolérable (si l'on tient
compte de l'énergie utilisée pour la lutte).
Pas de sarclage
Existe il vraiment des
mauvaises
herbes ? Une couverture du sol est toujours
bénéfique. Les mauvaises herbes possèdent des
racines qui pénètrent le sol, l'aèrent,
l'ameublissent et l'enrichissent. L'observation
est de mise : les mauvaises herbes peuvent être
d'excellents indiacateurs à différents titres
(état du sol, type de culture favorable sur cette
parcelle...). Lorsque les mauvaises herbes posent des
problèmes réels, il convient de les éliminer
grâce à d'autres herbes qui les concurrencent
plutôt que de gaspiller de l'énergie à les
arracher à la main. Comme pour les ravageurs, les
équilibres entre les différentes espèces viennent
réguler les débordements.
Conclusion
Ces quatre grands
principes sont pour le moins révolutionnaires.
Manasobu Fukuoka a expérimenté des techniques
pendant près d'un demi siècle. Au bout de plusieurs
dizaines d'années, il cultivait une espèce de riz
qui était devenue très robuste à force de
séléction naturelles et il obtenait des rendements
identiques à ceux de la riziculture classique au
Japon. A la fin des années 80, alors qu'il
envisageait d'envoyer des semences de ce riz très
performant dans les pays en voie de développement,
ses activités ont connu une fin très brutale
lorsque l'armée japonaise a saisi et détruit
l'intégralité de sa récolte et de ses semences.
La pratique de la
permaculture a été reprise à la fin des années 70
par Bil Molisson en Australie ou elle connait un
essor certain.
La permaculture en
France
Las encantadas
En France une seule
association oeuvre au développement de cette
agriculture naturelle et propose régulièrement des
stages de formation/initiation dans toute la France :
Las Encantadas
BP 217
Limoux Cédex
Tel : 04 68 31 51 11
Ouvrages
Les trois ouvrages
existant en langue française sur le sujet sont :
La révolution d'un
seul brin de paille, Masanobu Fukuoka, Ed. Guy
Trédaniel Editeur
Lagriculture
naturelle, Masanobu
Fukuoka, Ed. Guy Trédaniel Editeur
Permaculture
2 , Bill Mollison, Ed.
Equilibres aujourdhui
Les ouvrages de
Fukuoka sont très complet et plutôt théoriques.
Ils expliquent le pourquoi, le comment de la
permaculture. Bill Mollisson par contre a écrit des
ouvrages à visée beaucoup plus pratique :
aménagements, plans, schémas et dessins
explicatifs. Il s'agit davantage d'un 'manuel de
permaculture' (Permaculture 1 est épuisé).
Autres sites en
français
Vous pouvez
aller jeter un coup d'oeil sur le site de Michel
Dussandier qui propose
de larges extrait de "La révolution d'un seul
brin de paille".
Ecotopie
propose une page sur la permaculture intéressante
avec des adresses de personnes ressources, et une
bibliographie (rubrique agriculture).