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ECOLOGISME

 

 

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Mais, au fait, l'univers existe-t-il ?

Question à Jean-François GAUTIER, ancien directeur de l'édition française de l'encyclopédie d'astronomie.

La question de l'existence de l'univers a quelque chose d'incongru. Tout un chacun est persuadé de l'existence des étoiles et des galaxies. L'ensemble de toutes les étoiles et de toutes les galaxies constitue apparemment l'univers, une chose d'autant plus " crédible " que les astrophysiciens en décrivent la mécanique, les dimensions et l'histoire. Pourtant, un examen attentif du concept d'univers montre qu'il est aussi peu crédible que celui des chimères.

Il est unique et total.

Qu'est-ce donc que l'univers ? C'est l'ensemble du monde observable auquel on ajoute une propriété a priori, le principe d'unité. Mais cet ensemble, dans sa totalité, n'est pas objet d'expérience. Il n'est pas observable. Imaginons en effet un observateur de l'univers : soit il est à l'intérieur, et ne peut pas mener une expérience de type scientifique sur la totalité de cet univers ; soit il est à l'extérieur, et l'univers qu'il observe est alors, de fait, incomplet. Dans tous les cas l'univers se situe en dehors de toute expérience possible. Ce n'est pas un principe physique comme la gravitation ou l'électromagnétisme, mais un principe religieux ou métaphysique que les scientifiques ont intégré, sans s'en rendre compte, dans la physique.

Il n'est pas possible de supprimer tous les principes métaphysiques quand on fait de la science. Mais il s'agit alors de principes de méthode, pas d'objets physiques. La science 'moderne' se refuse à mettre sur le même plan un concept et un objet observable. Certains objets, comme les neutrons ou les quarks sont difficiles à observer. Mais se sont malgré tout des classes générales d'objets dont on précise les caractéristiques d'énergie, de relation, de localisation.

Au contraire, l'univers n'a pas de pluriel et n'appartient à aucune classe générale. Par définition, il est unique et total. On ne peut donc pas le comparer à autre chose car il est seul, ni le mesurer car il contient tout, y compris les instruments de mesure... A supposer qu'on admette son existence, comme il n'est comparable à rien d'autre qu'à lui, il est difficile d'en dire quoi que ce soit qui ne soit pas déjà contenu dans sa définition. Bref, c'est une substance au sens métaphysique du terme.

Pas besoin de concept pour étudier les étoiles doubles, les étoiles à neutrons, les galaxies...

Le refus de l'univers ne conduit à aucun manque dans l'horizon de l'astronomie. On peut parfaitement refuser le concept d'univers et étudier les étoiles doubles, les étoiles à neutrons, les amas de galaxie et les planètes. Le travail observationnel et expérimental ne changera pas. Seule la cosmogonie en vigueur sera affectée : la notion d'univers contient en elle-même celle de big bang. L'expression " big bang " ou " gros boum " a été mise sur le marché par Fred Hoyle en 1956 pour se moquer de la cosmogonie à la mode qui voyait le début de l'univers comme une explosion.

En elle-même, la théorie du " gros boum " n'est pas exempte de paradoxes. Quand on se rapproche du moment initial, la densité de la matière est telle qu'il n'y a plus de photons. Et s'il n'y a plus de photons, la relativité atteint sa propre limite. : elle ne peut plus décrire ce qui se passe. Bien conscients de cette difficulté, les cosmologues utilisent alors une autre mécanique pour la description de ces tout premiers moments de l'univers : la mécanique quantique. Mais cette mécanique est soumise au principe d'incertitude d'Heisenberg : il n'est pas possible de connaître en même temps la position et la quantité de mouvements d'une particule. Cette incertitude rend contestables les tentatives de description des particules à ce moment initial théorique.

Nous n'avons donc pas, pour l'instant, d'outils théoriques réellement appropriés à la description du big bang, ils dépassent les limites de leur savoir et font de la métaphysique, c'est à dire qu'ils tiennent un discours qui va au-delà de ce qu'ils connaissent de manière expérimentale.

Et Dieu dans tout ça ?

Que mettre à la place de l'univers ? Rien. Du moins rien à l'intérieur de la physique. Inutile de remplacer un concept superflu par un autre ! Le concept dont se sert les universités pour générer les équations n'est à la portée d'aucune science parce qu'aucune science totale n'existe. Si une telle science existait, elle répondrait par avance à toute question possible et rendrait l'expérience inutile. Et si l'expérience n'est pas nécessaire, nous ne sommes plus entrain de construire une science mais une dogmatique. C'est d'ailleurs ce que veut faire Stephen Hawking qui pense que, sitôt son travail de mise en équation de l'univers achevé, nous comprendrons ce qu'est la pensée de Dieu... Il y a quelque chose de scandaleux. Non pas du point de vue religieux (si les religions sont choquées, elles peuvent en débattre toutes seules), mais du point de vue de la physique elle même. Si la physique est telle que l'existence de Dieu ou la pensée de Dieu est à portée de concept pour elle, alors elle s'est trompée d'objet.

Propos recueilli par Paul LOUBIERE Cahier EUREKA, Journal LIBERATION Mardi 20 Décembre 1994.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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